Dimanche 13 octobre 2013 La Société mycologique des Hautes-Alpes organise chaque année une grande exposition destinée à faire découvrir les champignons à un large public, mettre en valeur ses activités, permettre les échanges d’expérience et le recrutement de nouveaux bénévoles. L’association souhaite notamment toucher un jeune public. Cette année encore les visiteurs étaient au rendez-vous, d’autant que la saison a bien commencé dans le département, avec juste ce qu’il fallait de chaleur et d’humidité.
La polémique qui fait rage dans certains départements comme dans l’Ardèche en raison de la cueillette intensive, à des fins parfois commerciales, au mépris de la propriété privée, ne semble pas avoir encore gagné les Hautes-Alpes.
Mais la vigilance s’impose, car le piétinement et l’exploitation intensive des ressources peut conduire à un appauvrissement rapide du biotope.
Outre cette exposition, l’association organise des séances de détermination hebdomadaires, le lundi soir, dans son local au n° 9 de la rue des Silos à Gap, à partir de 20h30. Elle organise également des exposés grand public, des sorties mycologiques et des cours de familiarisation.
Pour cette édition, l’association avait invité l’un de ses membres, Jacques GUINBERTEAU, éminent spécialiste de grande renommée, à répondre aux sollicitations du public. A 61 ans, dont 40 comme ingénieur chercheur à l’INRA de Bordeaux, Jacques GUINBERTEAU, maintenant installé dans les Hautes-Alpes, à Puy Sanières, fut notamment à l’origine de la culture du Pied bleu et de la Pleurote (pour lesquels il a un petit faible), a travaillé sur la taxonomie du champignon, lequel constitue un règne à part entière ( Fungi), nous indique-t-il, plus proche du règne animal que végétal ! Sa composition cellulaire fait apparaître de la chitine que l’on retrouve dans la carapace des insectes.
Nos cousins les champignons ?
Jacques GUINBERTEAU parcourt les massifs des Hautes-Alpes car il souhaite établir la biodiversité fongique dans le département, celle-ci étant encore mal connue car l’une des moins étudiées. Il se propose de dresser un inventaire en vue de parvenir à la publication d’un ouvrage. Il a déjà noté des différences notables en raison notamment de la nature des sols, plus ou moins acides, citant comme exemple les sols calcaires du Massif du Dévoluy.
Poursuivons notre approche, toujours avec Jacques GUINBERTEAU :
Le champignon vit en symbiose avec les végétaux, amenant notamment du phosphore aux racines des arbres avec son mycélium. Il participe de façon indispensable à la nutrition au sein des écosystèmes, et on le retrouve jusque dans les cellules de végétaux comme la carotte. Il est le composant presque incontournable dans les antibiotiques et les levures (bière, fromages…).
Le premier réflexe pour identifier, c’est de sentir, après avoir frotté sous le chapeau. L’odeur est un facteur stable et il existe un nez mycologique comme en œnologie. Il faut également cueillir le champignon entier, contrairement à une idée répandue qui préconise de le couper, car certains critères d’identification sont situés à la base du pied, comme pour les bolets poivrés et les amanites par exemple. De toute façon le champignon se reproduira par son mycélium. La diminution globale constatée de la ressource est d’abord liée au changement climatique avec déficit de pluviométrie et allongement des périodes de sécheresse, sans compter le piétinement des sols.
Il faudrait, pour préserver la ressource, éduquer le public, et notamment l’inciter à ne consommer qu’une ou deux fois durant l’automne, d’autant que la consommation abondante a fait apparaître de nouveaux phénomènes d’intolérance et d’allergie alimentaires. Jacques GUINBERTEAU cite l’exemple du Tricholome équestre, appelé localement Canari, dont la consommation importante a induit des accidents, en raison d’une toxine de seuil (liée aux pigments jaunes) qui par un phénomène de rhabdomyolyse a conduit à des décès (on avait d’abord cru à une confusion avec l’amanite phalloïde).
Pour ces raisons le champignon ne devrait constituer qu’un accompagnement et non un plat principal.
Pour des raisons sanitaires il ne faut pas transporter les champignons dans un sac plastique car la décomposition et le développement bactérien sont accélérés. Il convient pour l’identification d’amener toute la récolte afin de vérifier qu’il n’y a pas de faux amis notamment.
Dans le cadre de la Fête de la science...
... et dans la salle des fêtes du lycée Dominique Villars à Gap
Vue générale. De nombreux amateurs et des professionnels de santé, pharmaciens notamment.
Les bénévoles de l'association n'ont pas ménagé leur peine pour pouvoir présenter aux visiteurs de nombreux spécimens
Jacques Guinberteau, éminent spécialiste, se tenait à disposition du public...
...pour des explications détaillées et des conseils précieux
Quelques échantillons de l'exposition
Hygrophores
Pleurotes
Tricholomes
Coprins (comestibles), Psathyrella Gracilis (sans valeur culinaire), Galerina Marginata (mortel), la prudence s'impose