Samedi 22 novembre 2014 Gap 11h40 C’est avec une semaine de retard, pour cause de météo défavorable, que la rue Jean Eymar rénovée a été inaugurée sous un soleil radieux. Le maire de Gap, Roger Didier, a prestement coupé le ruban inaugural avant qu’une Marseillaise magistrale interprétée par l’orchestre d'harmonie ne fige l’assemblée.
Puis une déambulation, physique comme historique, conduite par Jean-Pierre Reybaud, fin connaisseur de l’histoire locale, a débuté « …de la Grande Charrière à la rue Jean Eymar». La Grande Charrière, en occitan alpin, cela signifie la grande rue, là où passaient les charrois (transports en chariot, charrette, tombereau…) a spécifié JP Reybaud. En effet, la rue était autrefois la plus grande de Gap, à proximité des remparts, reliant la porte Garcine (square Jean Moulin actuel) jusqu’à la porte Jaussaude à l’autre bout de la rue (côté cité administrative Desmichels). Appelée aussi au fil des siècles rue Souveraine puis en 1820 Grande rue*. Il évoque également la rue Rochemaure, aujourd’hui disparue mais encore représentée par une arche, vestige d’une maison écroulée en 1962.
Pendant les travaux, on a (re)découvert un puits datant du milieu du XIVème siècle (expansion de Gap dans ses troisièmes remparts), à proximité de la boulangerie située à l’entrée ouest de la partie rénovée (la partie haute de la rue le sera ultérieurement). Ce puits (le puits des Faure) sera valorisé dans un futur proche. Il y avait aussi un puits à l’autre extrémité, côté La Placette, devant les vins Bertrand, le puits des Chabert.
A la deuxième halte, au niveau du passage de la Citadelle (qui donnait accès aux citadelles de la colline de Puymaure), Jean-Pierre Reybaud rappelle l’existence d’un magasin UNA qui était tenu par Raymond Sarrazin, et comportait un escalier roulant mécanique, le premier de Gap, faisant la joie des enfants qui s’amusaient à monter et redescendre. Il rappelle également le souvenir de cette épicière (Marie-Jeanne Hiesse) qui a tenu un commerce à cet endroit, de 1956 à 1989, et qui est décédée il y a une quinzaine de jours.
La rue accueillait aussi une forte communauté arménienne (épiciers, cordonniers…), c’est encore le cas, et le commerce familial le plus ancien, les vins Bertrand, remonte à quatre générations.
Troisième halte, à l’angle de la rue de l’Imprimerie, au-dessus du n° 36, un imprimeur a été sculpté en souvenir de l’imprimerie où étaient imprimés les textes officiels nationaux. Plusieurs petites rues perpendiculaires (des coursives) donnaient accès, pour les soldats, à l’une des dix-neuf tours qui jalonnaient les remparts de Gap (situés à cet endroit à l’emplacement du boulevard de La Libération).
Quatrième halte, au terme de la déambulation, JP Reybaud parle du présent de la rue, indique qu’au niveau de la rue de la Tour du Verger, existe un cadran solaire, restauré par Rémi Potey, cadranier, en 1995, mais sans doute l’un des plus anciens du département. En face on peut voir une plaque d’assurance comme on en apposait autrefois pour indiquer que la maison était assurée. La plupart ont été retirées lors de la rénovation des façades. A ce niveau se trouve aussi la fenêtre la plus ancienne de Gap, remontant au XVème siècle et maintenant murée. Jean-Pierre Reybaud évoque enfin Jean Eymar, vétérinaire de son état et ancien maire de Gap, du 17 mai 1925 au 15 juillet 1927. La rue porte son nom depuis 1929. En juillet 1927, Jean Eymar eut un différend avec le commandant de la garnison de Gap et mourut quelques jours plus tard d’un arrêt cardiaque, à son cabinet.
Vint alors l’allocution du maire, lequel souligna en premier lieu la météo splendide. Parlant d’un nouveau départ pour cette rue, en plus d’être une récompense et une fête, il se déclara heureux de cette rénovation, du lien social ainsi valorisé et de l’ambition affichée de ne pas voir mourir le centre-ville comme dans de nombreuses villes en France.
Insistant sur la nécessité de revitaliser encore et encore ce centre-ville, il a évoqué les aménagements précédents : la place aux Herbes, la place de la République (et la polémique sur les arbres centenaires), le square Henri Dunant (et la polémique sur le savonnier -un arbre- menacé et le stationnement), la place Gavotte (laquelle sera achevée sur le fond avec mise en place d’une statue achetée à l’occasion de l’exposition annuelle organisée par la ville dans les rues de Gap), la zone piétonne historique (flambage des pavés et dalles pour les rendre moins glissants).
Il a annoncé la poursuite de la rénovation du centre-ville: rue Grenette (en cours), liaison place Gavotte-square Henri Dunant, partie supérieure de la rue Jean Eymar (dès le mois de mars 2015, réflexion de l’équipe municipale). Plus tard, la création d’un vrai parvis devant la cathédrale (demande récurrente de l’évêque de Gap et d’Embrun, Mgr Jean-Michel Di Falco Leandri) afin que le monument d’Etat, véritable bijou architectural, soit mis en valeur comme il convient et que la population puisse se retrouver pour diverses manifestations comme Gap en Famisol. Enfin, le projet du Carré de l’Imprimerie dont la ville maîtrise environ 60% du foncier, dossier complexe mais qui permettra s’il aboutit de créer commerces et logements, de préserver les deux cinémas, Le Centre et Le Club (salle art et essai).
Soulignant que cette rue emblématique avait une histoire, comme l’avait montré Jean-Pierre Reybaud, il a indiqué qu’elle avait aussi une âme. Revenant sur les difficultés rencontrées au cours des travaux, il a évoqué le problème de l’accessibilité et a parlé également des surprises que ces travaux avaient réservées, comme ce puits daté du 14ème siècle qui sera nettoyé, éclairé, et rendu visible par un couvercle transparent. Passant alors la parole à Jean-Pierre Jaubert, ancien conseiller municipal et consultant histoire pour la ville, celui-ci a rappelé l’histoire de ce puits, redécouvert déjà il y a une trentaine d’années lors d’une première rénovation, protégé alors par une dalle en béton. Ce puits, dont l’existence en 1376 est relatée dans l’Histoire de la ville de Gap de Joseph Roman, à l’angle de la rue Souveraine et de la rue du Palais de Justice, fut par la suite le lieu d’implantation d’une brandoire, fontaine à pompe évoquée par Justin Barrachin (1888-1967) dans son ouvrage « La Montagne m’a dit… » édité en 1938 et illustré par l’affichiste gapençais Lucien Achille Mauzan.
Enfin, parlant d’une rénovation conduite dans le cadre d’une concertation exemplaire avec les commerçants, artisans et riverains, le maire a souligné les relations constructives entretenues avec l’association de la rue Jean Eymar, Madame Faure son ancienne présidente, et Mme Fabienne Keller qui lui a succédé. Egalement des « souffrances » endurées au cours des travaux, notamment dans un contexte de crise économique, de concurrence du commerce périphérique et d’internet. Il a souligné la nécessité de faire preuve de solidarité et de dynamisme, s’est réjoui de la présence dans l’assemblée d’un ancien président de la Chambre du Commerce et d’un actuel de la Chambre des Métiers, exprimant l’espoir de voir se rouvrir des commerces dans la rue. Parlant d’une réalisation d’un bon rapport qualité-prix, il a indiqué le coût de ces travaux qui se monte à 625 000 euros hors taxe, avec la participation du conseil général (74700 euros pour l’aménagement de surface, 61000 euros pour les aménagements souterrains), du conseil régional (70000 euros pour l’ensemble), a remercié les entreprises qui ont exécuté les travaux, Gaudy pour les terrassements et réseaux, Routière du Midi pour le revêtement, PMTP 05, Lagier pour le dallage, ETEC pour les câblages et l’électricité. Remercié également ses collaborateurs, en particulier le directeur des services techniques, le conducteur des travaux, Vincent Schiazza, son adjoint aux travaux et à la proximité, Jean-Pierre Martin.
Terminons sur une note plus personnelle. Nous regrettons que la ville de Gap ne nous envoie pas les dossiers de presse et invitations aux différents événements dont elle est maître d’œuvre, comme nous l’avions demandé par le passé en fournissant une adresse électronique au service communication.
En effet, Anima Gap a pour objet statutaire : soutenir, promouvoir des animations à caractère culturel, sportif, social, événementiel, scientifique, éducatif ou ludique, organisées sur le territoire de la commune de Gap et organiser des manifestations sur ce même territoire visant d’une manière générale à en favoriser la promotion et le développement.
Par ailleurs, force est de constater que la généralisation de l’usage des smartphones et autres appareils connectés permettant les prises de vue, photos et vidéos, engendre une certaine confusion sur les lieux de reportage et justifierait une réflexion déontologique pour respecter quelques règles de base sur le terrain …
*d’après les recherches de Paul Guillaume ancien archiviste :
1376 carreria superior
1422 carreria superna
1513 rue de la porte Jaussaude ou Superna
1522 chariero Sobeyrainne
1544 rue Sobeyrane, Soubeyranne, Soverayne, Souveraine
Le mot de souveraine signifie donc rue supérieure,
Grande rue : après le conseil municipal du 6 février 1820
puis rue Jean Eymar .
Merci à Jean-Pierre Jaubert pour ces précisions.
La grande rue
La jeune garde de l'orchestre d'harmonie
Présent à de nombreuses manifestations, l'orchestre d'harmonie est le fer de lance de l'animation des moments marquants de la vie de la cité gapençaise. L'orchestre, dont le niveau monte d'année en année, répète maintenant le vendredi soir au conservatoire, en remplacement du samedi après-midi, ce qui permet de libérer le week-end. La formation recrute constamment. Inscriptions au conservatoire à rayonnement départemental.
Couper du ruban inaugural
Le Cirque de la lune, fidèle pilier également des manifestations gapençaises
Jean-Pierre Reybaud, en garde-champêtre de circonstance, a animé la déambulation
Arrêt jonglage
Au-dessus du n° 36, sculpture d'un imprimeur, témoignant du passé de la rue de l'Imprimerie, perpendiculaire à la rue Jean Eymar
Gap, ville du sud
Fenêtre du 15ème siècle, maintenant murée, la plus ancienne de Gap offerte aux regards
Allocution du maire
Prise de parole de Jean-Pierre Jaubert
Brandoire (fontaine à pompe), illustration de Lucien-Achille Mauzan
Source: "La Montagne m'a dit..." de Justin Barrachin
Vin d'honneur final
Tout se termine en musique