18 au 29 juillet 2011 La 22ème Université Européenne de Saxophone a pris ses quartiers d’été dans la cité gapençaise. Manifestation inscrite dans le paysage culturel local, elle réunit, on pourrait l’oublier, une partie de l’élite mondiale de l’instrument sous l’impulsion initiale de Claude Delangle, professeur au Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse de Paris, avec l’appui de l’association locale qui donne son nom à l’événement, pilotée par Bruno Espitallier.
Bien sûr, l’Université Européenne de Saxophone accueille des étudiants du monde entier, avec une forte présence japonaise, mais entend également aller à la rencontre du public à travers de nombreux concerts donnés à Gap (salle de la chapelle des Pénitents, église des Cordeliers : Quatuor invité Diastema, Jardins de la Providence), mais aussi à l’Argentière-la-Bessée (église) et à Montmaur (château) avec la participation d’une artiste plasticienne, Paule RICHE.
Vous pouvez retrouver ici les images de l’édition 2010.
Les professeurs virtuoses présents cette année :
Claude DELANGLE, Odile et Blandine DELANGLE (saxophone, piano, basson… la musique est une affaire de famille autour de Claude, accessible et chaleureux)
Max BONNAY (accordéon)
Christian WIRTH
Fumie ITO (pianiste accompagnatrice)
Lars MLEKUSCH
Cyrille LEHN (qui ne néglige pas non plus le piano)
Masataka HIRANO
Vincent DAVID
Damien ROYANNAIS
Eric DEVALLON
Et les quelque 54 étudiants de l’Université de 15 nationalités, qui se produisent à l’occasion des deux concerts de fin de stage.
Un petit aperçu de quelques concerts :
Lundi 18 juillet
La famille Delangle (Claude, Odile, Blandine) avec le concours de Max Bonnay, constitués en formation : El Quartetto Nuevo, ont revisité l’univers d’ Astor Piazzola et de ses condisciples, Gustavo Beytelmann, Nestor Marconi, Ruben Rada, Pablo Ziegler, Albert Hamann avec des arrangements de Max Bonnay.
Cette musique qui évoque les origines du tango et la condition des esclaves noirs d’Amérique du Sud, avec une dimension de triste nostalgie, berce notre âme, dans une quiétude parfois troublée par des accents puissants et saccadés qui expriment l’intensité des émotions et la dimension passionnelle des relations dans cette culture latino-américaine.
Mercredi 20 juillet
Un duo saxophone et piano a réuni Christian Wirth et Fumie Ito dans un répertoire principalement consacré à Jean-Sébastien Bach. Mais on a pu entendre des œuvres de facture plus contemporaine, de Sylvain Kassap, François Rosse, Thierry Alla, William Albright.
Maîtrise et précision instrumentales caractérisaient ce concert apprécié par un public très large.
Christian Wirth
Une salle attentive
Lorsque piano et saxophone entrent en résonnance
Fumie Ito et Christian Wirth
Jeudi 21 juillet
Lars MLEKUSCH et Cyrille LEHN (au piano) ont proposé un répertoire essentiellement orienté vers la musique contemporaine. Si l’on peut comprendre qu’une fois atteinte la perfection dans l’interprétation du répertoire classique et contemporain « traditionnel » comme György Ligeti ou Luciano Berio, les artistes souhaitent explorer des pistes et des univers sonores différents, une partie du public, la plus néophyte sans doute, a été fortement décontenancée par une œuvre comme celle de Giorgio Netti, Affrettandosi verso il centro della luce risonante, interprétée au saxophone soprano, où la déconstruction musicale et la déstructuration mélodique confinent à l’imperceptible. Plusieurs personnes, venues découvrir l’instrument, ont quitté la salle. Peut-être faudrait-il, comme cela a été fait par ailleurs, introduire ce répertoire dans des concerts de facture plus classique.
Lars MLEKUSCH
Cyrille LEHN
Samedi 23 juillet
Pour les spectateurs qui n’auraient pas pris la peine de revenir ce samedi soir, les regrets seraient de mise. La virtuosité, au sens fort du terme, était au rendez-vous avec le duo saxophone et piano Vincent David et Fumie Ito. Le public qui a suscité plusieurs rappels ne s’y est pas trompé.
Sur la thématique populaire dans l’Europe musicale, la sonate en fa majeur d’Edward Grieg, légère et enlevée, a laissé place à la vivacité de la Suite Espagnole d’Isaac Albeniz, avec notamment les célèbres Asturias et Aragon. Puis les danses polovtsiennes, extraites de l’opéra d’Alexandre Borodine Le Prince Igor, ont imprimé leur puissance et leur force d’évocation, chorégraphie en moins. Toutefois, la réduction de cette œuvre monumentale pour instrument et piano pose question tant l’œuvre originale est spectaculaire, même si l’on ne peut mettre en cause la remarquable interprétation du duo. On peut bien sûr comprendre cette nécessité musicalement historique de mettre à portée du plus grand nombre les œuvres du répertoire mondial.
Tzigane de Maurice Ravel devait conclure en magnifique bouquet final ce concert d’exception, c’était sans compter sur un public enthousiaste qui a rappelé plusieurs fois le concertiste. Vincent David a donc interprété une danse russe et une œuvre plus contemporaine associant saxophone et bande sonore, rythmée et bruitée, du plus bel effet.
Vincent David
Fumie Ito, talentueuse pianiste accompagnatrice
Vincent David et Fumie Ito ont été ovationnés par le public
Claude Delangle est venu féliciter Vincent David après le concert